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Rencontre avec Maryam Kouhkan, lauréate aux EGMO 2023

Chaque année, les Olympiades Européennes de Mathématiques pour Filles mettent en compétition des jeunes filles de plus de 60 pays autour de problèmes mathématiques complexes. Nous avons rencontré Maryam Kouhkan , médaille de bronze de l’édition 2023 et membre du Club de Mathématiques Discrètes de la MMI pour revenir sur son parcours.

 

 

Pouvez-vous nous rappeler ce que sont les EGMO et comment vous avez connu cette compétition ?

Les Olympiades Européennes Mathématiques pour Filles ont été créé en 2012 à Cambridge. Elles sont inspirées des Olympiades Féminines Mathématiques Chinoises : le but est de favoriser la participation des filles aux Olympiades Mathématiques. Elle était de 10% il y a 10 ans et malheureusement cela n’a pas changé. L’EGMO a pour vocation de motiver les filles en leur offrant une compétition spécialement pour elles.

D’ailleurs, on parle d’Olympiades Européennes, mais ce n’est plus vraiment le cas, car aujourd’hui plus de 58 pays participent, y compris en dehors de l’UE.

J’ai connu cette compétition car je fais déjà partie de la Préparation Olympique Française de Mathématiques*, qui prépare à toutes les compétitions de maths auxquelles participent la France, y compris les EGMO.

Quel a été votre parcours dans la compétition, comment l’avez-vous vécu ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’ambiance de la compétition est très chaleureuse et les équipes s’entendent très bien. On fait beaucoup de jeux et d’activités avec les autres équipes, on croise des personnes du monde entier !

Tout le monde est très bienveillant, on se rapproche grâce à notre passion commune des maths et notre sens du raisonnement ! On peut aussi discuter d’autre chose que de maths et les liens se créent très facilement. Je n’ai jamais connu une ambiance pareille ailleurs, où je pouvais être complètement moi-même.

Pour ce qui est des épreuves, cela s’est moins bien passé. Les problèmes étaient pourtant simples, sans doute les plus simples depuis 2012, mais j’ai perdu mes moyens lors de la première journée ! J’ai quand même eu la médaille de bronze, alors que l’an dernier j’ai eu la médaille d’argent avec un moins bon niveau.

Globalement, j’ai été assez déçue, non seulement les épreuves étaient simples, mais je ne les ai pas trouvées très intéressantes. Normalement, on a toujours un moment d’illumination et d’émerveillement en compétition, mais je ne l’ai pas vraiment eu sur cette édition. Je m’attendais à mieux pour une compétition de maths olympiques, je pensais que l’on nous demanderait plus d’idées nouvelles et originales. Je ne fais pas ce genre de compétitions juste pour avoir une bonne note, ce n’est pas un concours scolaire !

Comment avez-vous rejoint le club de Mathématiques Discrètes ? Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

J’avais entendu parler du club au sein de la POFM car il y est vraiment réputé ! Mais je pensais que ce n’était pas pour moi, car je vis en région parisienne et le club se situe à Lyon. J’ai finalement commencé à suivre des activités et des cours du club en ligne pendant la période de la Covid avant de me rendre à des séances en présentiel.

J’apprécie le club car nous sommes vraiment bien encadrés et il y a une vraie continuité pédagogique. Le club est aussi génial pour la géométrie : j’ai pu y étudier la géométrie projective, une sorte de magie noire de la géométrie ! Les exercices sont toujours magnifiques. Bodo, notre encadrant, nous donne plein d’astuces et des stratégies à adopter pour les compétitions.

L’an dernier, nous avons pu bénéficier de 36h de cours sur la théorie analytique des nombres, qui sort des maths olympiques, c’était très intéressant. J’ai aussi pu assister à des cours de chercheurs d’autres pays, avec des approches différentes. Le club stimule la créativité et complète bien la POFM !

Et d’où vient votre passion pour les maths ?

J’ai toujours été passionnée de sciences, à l’école primaire je ne lisais pas de romans, mais des livres d’astrophysique et de biologie. J’étais douée en maths, mais les maths de l’école primaire ne m’intéressaient pas, c’était trop facile.

C’est en lisant des ouvrages de maths plus approfondis en fin de primaire que j’ai vraiment commencé à m’intéresser à la discipline. J’ai découvert l’aspect créatif des maths et surtout les énigmes mathématiques, j’adore ça !

J’ai réellement commencé la compétition en 4ème grâce à un professeur passionné qui gérait un club de maths et inscrivait les meilleurs éléments aux concours. J’ai participé à la coupe Animath tout d’abord puis j’ai intégré la Préparation Olympique Française de Mathématiques.

Avez-vous des personnalités dans le domaine des mathématiques que vous admirez ?

Je ne connais pas très bien l’histoire des mathématiques, mais j’admire énormément Maryam Mirzakhani**, qui porte le même prénom que moi ! Elle a d’ailleurs participé aux Olympiades Internationales de Mathématiques et a obtenu le score maximal avant de faire un parcours brillant dans la recherche.

Que diriez-vous à une jeune fille qui aurait envie de se lancer comme vous dans la compétition ?

La POFM veut inciter les filles à participer ! Il y a beaucoup plus de filles qui aiment les maths que l’on pense, nous sommes 40% à la POFM et les garçons sont très accueillants. Les maths olympiques ne sont pas comme les maths scolaires : on peut ne pas réussir du tout un problème, cela ne veut pas dire que l’on est nul‧le ou que l’on n’a pas de talent. Les premiers cours sont aussi compliqués, beaucoup de personnes se découragent à ce stade, car on a peu l’habitude de ce type de maths. Il faut continuer de croire en soi et continuer à aimer les maths !

Quels sont vos projets pour la suite ?

Je suis en train d’attendre les résultats de Parcoursup en ce moment même : j’envisage d’intégrer la MPSI de Louis Le Grand en vue de préparer l’ENS ou Polytechnique. Je pense m’orienter dans la recherche, j’hésite encore entre les maths pures ou les maths appliquées, car je n’aime pas que les maths !

Ressources complémentaires

Vous souhaitez vous aussi vous lancer dans la compétition en mathématiques ? Maryam vous donne ses pistes :

 

 

* La POFM a pour but de préparer et de sélectionner les collégien(ne)s et lycéen(ne)s représentant la France à différentes compétitions internationales de mathématiques, mais aussi de leur faire pratiquer des mathématiques différentes de celles rencontrées dans un cadre scolaire.

** Maryam Mirzakhani était une mathématicienne iranienne, professeure à l’université Stanford et première femme récipiendaire de la médaille Fields

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